
Ce n’est pas la première fois et ça ne sera pas la dernière. Le maire s’agace, le gendarme lève la voix, les voisins s’énervent. Ils ont tous trouvé le même bouc émissaire. Ça ne peut plus durer, il faut faire quelque chose !
Et cette question qui tourne en boucle : Que fait la tutelle ?
Forcément ! Monsieur X est un marginal. Il a 68 ans. Il a toujours vécu, un peu en dedans, un peu en dehors de la société. Monsieur X vit dans un mobile-home sur un terrain vague que des propriétaires lui ont cédé. Monsieur X boit, boit beaucoup. Et quand il boit, il n’est pas commode.Il gueule et devient agressif. La dernière fois, les pompiers se sont présentés chez lui. Il était ivre. Il les a insultés. Une soirée bien arrosée qui lui valut une plainte pour outrage, suivie d’une convocation à la maison de justice et du droit devant le délégué du Procureur.
Monsieur X ne se souvenait de rien, mais il a accepté la mesure alternative que lui proposait le délégué du Procureur : Un stage de citoyenneté qu’il devra réaliser à ses frais pour éviter de payer 7500 € et faire 6 mois de prison. Pas sûr qu’il ait tout compris. Le délégué du Procureur lui a dit de ne pas s’inquiéter. Pour le stage, c’est sa tutrice qui va payer. Il ne lui précise pas qu’il s’agit de son argent. Monsieur X acquiesce. Au moment de partir, le représentant du Procureur lui dit espérer ne plus le revoir. Monsieur X répond par un « au revoir » désabusé!
Monsieur X a encore fait des siennes. Le maire, le gendarme et les riverains n’en peuvent plus. La tutrice est convoquée à une réunion pour prendre une décision.
Avant de se rendre à la réunion, la tutrice fait un détour par le terrain vague où est installé le mobil-home. Monsieur X est un peu énervé. Il a eu la visite du maire, d’une assistante sociale et des gendarmes. Ils veulent, dit-il, le faire partir de chez lui. Il dit qu’il ne veut pas vivre dans les HLM avec les arabes. Il dit qu’il ne veut pas partir de chez lui, qu’il est bien où il est et qu’il veut juste qu’on le laisse tranquille. La tutrice a un peu peur. Elle lui demande ce qu’il veut. Monsieur X veut trente euros en plus !
Dans la salle, il y a le maire, sa secrétaire, une assistante sociale et un gendarme. Monsieur le maire expose la situation. L’alcool, les conditions de logement, l’absence de l’eau, de l’électricité et d’un mode de chauffage ne permettent pas à Monsieur X de vivre dans des conditions dignes. Monsieur le maire dit, en tournant le regard vers la tutrice, qu’il faut trouver rapidement un logement à Monsieur X. Monsieur le maire explique qu’il n’a rien contre monsieur X. Bien au contraire, il lui apporte souvent de la nourriture et de quoi se chauffer. Monsieur le maire dit faire du social, que ce n’est pas son boulot, mais qu’il faut bien quelqu’un pour s’occuper de ce pauvre bougre, et puis vous comprenez, il est maire, il y a des administrés qui sont exaspérés. Il faut bien trouver une solution.
La tutrice explique que monsieur X ne veut pas déménager et qu’on ne peut pas l’obliger à partir. La secrétaire regarde le plafond en s’indignant : mais comment peut-on laisser quelqu’un vivre dans ces conditions ? L’assistante sociale baisse les yeux.
La tutrice explique que même une personne sous tutelle a le droit de choisir son lieu de vie et que la loi ne lui permet pas d’obliger monsieur X à déménager. Le gendarme s’agace. La loi, il la connaît. Monsieur le maire s’emporte : A quoi sert votre tutelle alors ?